Chrystèle Lerisse


Dialogues






   Chrystèle Lerisse, Sans titre, 2010 Photographie argentique 6x 6 cm.
Œuvre photographique soumise aux droits d’auteur. Tous droits réservés
© Chrystèle Lerisse





Chrystèle Lerisse, Dialogues
80 pages, 27 x 21 cm
Artboretum Éditeur, Argenton-sur-Creuse et Artzo Éditions, Saint-Gilles-les Forêts, 2017
ISBN  978-2-9555660-1-5


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Chrystèle Lerisse
Il y a des œuvres qui surgissent inconsciemment.
Il y a des gestes codés.
Il y a des certitudes ancrées.
Il y a des doutes qui s’effacent une fois que le faire arrive.
Il y a des choses qui restent inclassables.
Le travail de Chrystèle Lerisse est de ceux-là.

Depuis toujours l’artiste Chrystèle Lerisse sait que la photographie fait partie de sa vie. C’est comme cela et pas autrement.
Que son regard se pose sur les lignes d’un paysage familier, sur des œuvres d’autres ou au ras du sol, Chrystèle Lerisse est sûre d’elle. L’hésitation— si elle existe — est présente avant ; avant la mise en œuvre de la prise de vue. Après, tout sera là et tout restera. Pas de choix a posteriori ici. Une fois le shooting exécuté, toutes les vues seront tirées et la matrice disparaîtra. Ainsi travaille Chrystèle Lerisse. Elle théorise son œuvre en amont, dans le choix de ses sujets, des lumières et dans le protocole minutieux et précis qu’elle s’est construit. Ensuite seulement elle devient praticienne, celle qui développe et tire ses images, les numérote, les signe puis les classe consciencieusement avec un code qui lui est propre. Puis, elle détruit le négatif, aucune reproductibilité n’est envisageable, plus de retour en arrière possible.
La force de ce postulat tient à cette fragilité. Tout est là, tout peut disparaître au même moment et en une seule fois.

Les créateurs ont tous des œuvres intermédiaires, des essais, des pistes de travail explorées qu’ils décident de ne pas transformer en œuvre. Chez Chrystèle Lerisse ces entre-deux sont en réalité des interstices qui ont toute leur place au sein de l’œuvre globale et qu’elle propose avec la même force et la même conviction que lorsqu’elle construit ses séries. Choisir de les rassembler au sein d’un même ouvrage leur donne une autre aura. Dialogues offre de fait une lecture différente du travail, une vision en creux des autres séries. Pour autant ces images ne sont absolument pas secondaires, elles sont complémentaires. C’est aussi en cela que son travail est singulier.


Son œuvre, traversée par un intérêt pour l’art et la philosophie asiatiques, reste éminemment photographique. Il y a nombre d’artistes dont elle peut se sentir proche, de Piet Mondrian à Mark Rothko en passant par Ansel Adams et Saul Leiter. Ce serait toutefois le lien avec Hiroshi Sugimoto, perceptible à différents endroits, qui prédominerait à mes yeux. Au-delà du format carré et de l’évidence du Noir & Blanc, Sugimoto souligne l’analogie entre le zen et la phénoménologie de Husserl, et ce lien est indubitablement juste pour le travail de Chrystèle Lerisse. Ses images ne sont en effet jamais aussi fortes que quand elle dépasse le sujet et le medium, et qu’elle interpelle l’expérience même. Ses images ne nous racontent pas le monde, elles sont une description du vécu, un retour à la chose même, une invitation à voir à travers l’imaginaire du vide et du plein. Et même si — de croyance générale — le propre d’une photographie est d’avoir un référent, Chrystèle Lerisse rend souvent son objet artistique neutre, sans sentimentalisme, au point que la contemplation du rien devient sublime.
C’est ce qui se met en place dans la plupart de ses photographies et en particulier dans les images de Dialogues ; ou comment une forme géométrique, une ombre portée, une lumière se multiplient, identiques et différentes, plurielles et uniques.
Le flou et le noir sont aussi des éléments constituants de l’ensemble de son œuvre. Les images noires jalonnent le travail intuitivement. Elles sont présentes dans pratiquement toutes les séries, du noir pour mieux voir la lumière, la puissance du sombre pour illuminer.
Ces postures ne sont pas sans lien avec l’art conceptuel et l’art minimal dans ce que l’artiste choisit de nous montrer, mais aussi dans le fait qu’il est évident d’inclure dans ce qui fait œuvre, son processus de réalisation et de documentation.

— Émilie Flory
Manosque, avril 2017
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