Vues de l’exposition
Œuvres © documentation céline duval
Photographies : © Semiose galerie,Paris
Exposition du 9 janvier au 20 février 2016
Semiose galerie, Paris
Commissariat : Benoît Porcher
Site de l’artiste
documentation céline duval
Voir le projet
3 temps, 4 mouvements
Il est
inscrit dans son nom que documentation céline duval tend depuis toujours à se
mettre en retrait pour mieux donner à voir. Le paradigme est bien là :
faire disparaître son propre corps, celui de l’artiste pour mieux
transfigurer celui des autres. Elle poursuit ainsi son dessein, sortir de l’ombre
des images que personnes ne voit, nous confronter à que l’on aurait pu ignorer.
Cette volonté de montrer l’invisible, le jeu savant du rapprochement des images et l’intérêt pour le hors-champs sont des points centraux des recherches artistiques de documentation céline duval.
Dans impressions paysages, l’artiste explore toujours la même veine mais procède à un retour au geste, un retour de la main qui fabrique, un retour du doigt qui nous pointe quoi regarder à travers de nouveaux ensembles.
Points de vues ouvre l’exposition et nous convie à la promenade, à la contemplation, à la promesse d’un paysage que l’on se doit de deviner, assis sur ces bancs, stables du poids des corps fantômes qui y passent.
Car si depuis presque 15 ans le corps est central dans le fonds iconographique que l’artiste a constitué, c’est aussi à des questions de paysage et de retour à la nature qu’elle nous invite aujourd’hui dans cette exposition.
Si l’on sait que sa collecte — cette documentation — est composée d’images d’amateurs, l’on sait en revanche peut-être un peu moins que les cartes postales furent les premières à ouvrir la voie. Aujourd’hui, à l’instar des images publicitaires dont la plupart furent libérées de leur statut par le feu (Les allumeuses, 1998-2010), l’artiste marque de nouveau sa volonté de glisser vers d’autres préoccupations. Les images qui étaient jusqu’alors scannées, restaurées et matière à éditions sont aujourd’hui re-photographiées et exposées en séries.
Le geste de re-photographier est le même dans Vu !, cette série de 24 photographies se réfère au premier ouvrage édité de l’artiste. Les corps sont là, anonymes, quand un regard pointé vers le photographe annihile toute la neutralité de ce qui fait carte postale. Apparaît alors une relation modèle/peintre, une surprise inattendue qui rappelle l’instant décisif, l’image à côté de laquelle nous serions de nouveau passés si documentation céline duval ne nous l’avait offerte.
Cette volonté de montrer l’invisible, le jeu savant du rapprochement des images et l’intérêt pour le hors-champs sont des points centraux des recherches artistiques de documentation céline duval.
Dans impressions paysages, l’artiste explore toujours la même veine mais procède à un retour au geste, un retour de la main qui fabrique, un retour du doigt qui nous pointe quoi regarder à travers de nouveaux ensembles.
Points de vues ouvre l’exposition et nous convie à la promenade, à la contemplation, à la promesse d’un paysage que l’on se doit de deviner, assis sur ces bancs, stables du poids des corps fantômes qui y passent.
Car si depuis presque 15 ans le corps est central dans le fonds iconographique que l’artiste a constitué, c’est aussi à des questions de paysage et de retour à la nature qu’elle nous invite aujourd’hui dans cette exposition.
Si l’on sait que sa collecte — cette documentation — est composée d’images d’amateurs, l’on sait en revanche peut-être un peu moins que les cartes postales furent les premières à ouvrir la voie. Aujourd’hui, à l’instar des images publicitaires dont la plupart furent libérées de leur statut par le feu (Les allumeuses, 1998-2010), l’artiste marque de nouveau sa volonté de glisser vers d’autres préoccupations. Les images qui étaient jusqu’alors scannées, restaurées et matière à éditions sont aujourd’hui re-photographiées et exposées en séries.
Le geste de re-photographier est le même dans Vu !, cette série de 24 photographies se réfère au premier ouvrage édité de l’artiste. Les corps sont là, anonymes, quand un regard pointé vers le photographe annihile toute la neutralité de ce qui fait carte postale. Apparaît alors une relation modèle/peintre, une surprise inattendue qui rappelle l’instant décisif, l’image à côté de laquelle nous serions de nouveau passés si documentation céline duval ne nous l’avait offerte.
« Tout est image» nous dit-elle « à partir du moment où la lumière se pose sur un plan». C’est vrai. En héritière rebelle de Talbot et d’Emerson, documentation céline duval décide de placer un écran face au soleil derrière ce qu’elle appelle des obstacles, un champ, un arbre, un feuillage... De ce geste simple et pourtant complexe émerge un ensemble de cyanotypes. Ces œuvres neuves, sensibles (mais aucunement romantiques), ne sont pas sans rappeler la gravure ou le dessin. Bien au-delà de la technique et surtout bien au-delà du sujet, elles portent en elles la volonté de leur auteur de boucler une boucle, et participent toujours à cette même résolution : réduire au maximum les intermédiaires, les interférences et remontrer l’image qui n’a pas été vue.
Dans un monde hyper saturé, offrir des images à revoir, collecter les photographies de familles oubliées, fabriquer de nouvelles images peut sembler une aventure sisyphéenne. En réalité, documentation céline duval est un Sisyphe camusien, heureux, qui trouve son bonheur dans la tâche qu’il entreprend.
— Émilie Flory
Bruxelles, novembre 2015