œuvres (1986-1993)
Joël Ducorroy
Exposition
11 octobre > 8 novembre 2025 — Galerie Polaris - Bernard Utudjian, Paris
Vernissage en présence de l’artiste, jeudi 10 octobre de 14 à 20h30
Commissariat : Émilie Flory
Pour ses 40 ans, la galerie propose de terminer 2025 avec deux clins d’œil à son histoire. La dernière exposition de l’année sera un solo show de Speedy Graphito, premier artiste représenté par la galerie. Et pour octobre, Bernard Utudjian m’a invité à penser un accrochage des œuvres de Joël Ducorroy. Ravissement.
L’Art Conceptuel et le Nouveau Réalisme sont nés d’une rencontre avec un galeriste et un critique d’art1. Joël et Bernard ont cessé leur collaboration il y a longtemps, pour autant restent évidents le lien et l’influence que génèrent les interactions entre un jeune artiste et son jeune galeriste — dans l’effervescence du milieu des années 80.
Les collaborations et relations sont le sujet de plusieurs de mes propositions curatoriales récentes. Il m’a plu de penser l’exposition à partir des pièces disponibles ici et maintenant dans les tiroirs et sur les étagères des réserves, aller titiller mémoires et archives, mettre au mur pour la première fois des dessins préparatoires, plonger — amusée — dans une histoire méconnue de la galerie, de multiplier les multiples. Faire du non-choix, un choix.
œuvres (1986-1993) est une exposition à contraintes, posée/pensée/menée comme un concept, un principe oulipien. Elle porte haut son nom, elle est bien ce qu’elle dit, du moins ce que nous lisons ! Joël Ducorroy — œuvres (1986-1993) voilà qui éclaire.
L’artiste interroge l’autorité du signe. Il élabore un langage plastique inédit, en substituant à l’image sa désignation verbale gravée sur plaques minéralogiques, objets standardisés issus de la production industrielle. Ce geste radical post-pop et néo-conceptuel réactualise les débats d’alors sur la place du signe et du langage dans l’art contemporain. À une époque où le selfie n’existait pas, il pose aussi la place du faire, lui qui délègue la fabrication mais pas la composition. Son travail artistique est une variation singulière sur une même question : comment le langage, placé dans un dispositif artistique plaquetiste2, devient image, objet et œuvre. Joël Ducorroy reconnaît le monde dans lequel il vit, connaît ses proximités. J’aime lui adjoindre les mots d’un peintre, le premier « moderniste » Édouard Manet râlant de l’injonction : « … il faut être de son temps et faire ce que l’on voit. »3. Joël Ducorroy s’en empare, la détourne, contourne. Il nous fait lire ce que l’on voit, fait de la peinture sans pinceau. (...)
— Émilie Flory (extraits)
Manosque, septembre 2025
1.Galeriste, éditeur, commissaire d’exposition et théoricien américain, Seth Siegelaub (1941-2013) fut figure clé de l’art conceptuel dans les années 1960-1970 new-yorkais. Il révolutionna les pratiques artistiques en dématérialisant l’œuvre (expositions sans objets, livres d’artistes). Il joua un rôle décisif dans la visibilité du mouvement en étant le premier à promouvoir Sol LeWitt, Robert Barry, Douglas Huebler, Lawrence Weiner et Joseph Kosuth, dont il diffusa aussi les textes théoriques. En France, Pierre Restany (1930–2003) fut le critique d’art qui, au début des années 1960, rassembla les artistes et théorisa le Nouveau Réalisme, en formulant leur manifeste et en défendant leur démarche d’appropriation du réel comme réponse critique à la société de consommation.
2.Dérivé de plaquetitien, néologisme qui fusionne "plasticien" et "plaque", adopté par l'artiste pour se définir, suite à une discussion avec Lange et Hains.
3.Édouard Manet cité par Antonin Proust dans le chapitre Les jeunes de son ouvrage Édouard Manet : Souvenirs, 1913. Librairie Renouard / Henri Laurens Éditeur.
Galerie Polaris
Bernard Utujian, directeur
Smyrne-Lydie Delmas, collaboratrice
15, rue des Arquebusiers
75003 Paris
Tél. +33 (0)1 42 72 21 27
polaris@galeriepolaris.fr
Ouvert du mardi au samedi de 11 à 19 heures, le dimanche de 14 à 18 heures.
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Site de la galerie et de l’artiste
Joël Ducorroy
Galerie Polaris Bernard-Utudjian
Vignette Menu : Joël Ducorroy © l’artiste, courtesy galerie Polaris - Bernard Utudjian. Crédit photo : © Younes Lagrouni.


Joël Ducorroy, Un dimanche en grande banlieue, 1990. Dessin préparatoire © l’artiste, courtesy galerie Polaris - Bernard Utudjian. Crédit photo : © Younes Lagrouni.

Joël Ducorroy, Carte postale, 1991. © l’artiste, courtesy galerie Polaris - Bernard Utudjian. Crédit photo : © Younes Lagrouni.