Christophe Goussard


Survivre à l’horizon



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de la série Entre fleuve et rivière, 2017-19
© Christophe Goussard


  de la série L’Adieu au fleuve, 2015
© Christophe Goussard


  de la série Adour, 2022
© Christophe Goussard



  de la série Entre fleuve et rivière, 2017-19
© Christophe Goussard


Vignette de présentation :
Sans titre, 1993 © Christophe Goussard

Texte rédigé à l’occasion de l’exposition personnelle Fleuves de Christophe Goussard à La Vieille Église, Mérignac, janvier-avril 2023.


Voir aussi
Fleuves
Entre fleuve et rivière

Site de l’artiste
Christophe Goussard
Converser avec les rivières, survivre à l’horizon, écouter les humeurs du vent, contempler la palette des cieux et des ondulations fluviales, trouver dans les sillons des visages et de la terre ce qui ne peut se dire ; telle est l’image que je me fais de Christophe Goussard qui chemine et photographie depuis toujours en lisière des berges.
Partir.
Loin.
Revenir s’enfoncer dans la glaise et les herbes hautes des terres de l’enfance, rudes, interdites, évocatrices de contes familiaux et de troublantes chimères qu’accompagne l’eau.
Fleuves est une relecture tendre et onirique du travail que le photographe mène au bord des eaux depuis 30 ans. De l’Estuaire de la Gironde au Saint-Laurent qui court de l’autre côté de l’océan, l’exposition porte les récits et les imaginaires, les brumes et les visages. Les premières photographies inédites de l’artiste à Blaye, sa ville natale, dialoguent pour la première fois avec celles de L’Adieu au fleuve, Entre fleuve et rivièreet la dernière série encore en cours. Il est question de racines et de départs, de labeur, d'engagements, de nature et de vivant, de philosophie aussi, d’esprits et de poésie. Les regards se croisent et de nouvelles histoires naissent, de Royan à Urt, du Québec au Pays Basque, de l’atelier du père aux os des baleines…

Les saules dépliaient leurs feuilles bourgeons à bourgeons le long de leurs branches droites. Il n’y avait que la lueur des étoiles et la lueur des bourgeons. Mais, plus que toutes les autres, les feuilles neuves du saule sont lumineuses et autour de chaque bourgeon elles éclairaient l’écorce d’or de la branche. Ainsi autour des saules s’élargissait peu à peu un halo couleur cuivre.1 L’oiseau a les ailes coupées. Un saule sur la terre des ancêtres se dresse en contre champ du fleuve, non loin de l’estuaire et de la citadelle, les couleurs sont à imaginer, qui se souviendra de ce qu’il sait ?

Un fleuve est chose importante et unique, un principe de diversité même. Son cheminement et ses méandres, de sa naissance à sa confluence, lui font serpenter des environnements changeants, sauvages, bétonnés, terres joyeuses et arides de vie, de labeur ; il accoste des âmes, des bêtes, du vivant, pourtant, il demeure le même fleuve. Des glaciers à la mer, il porte la diversité et l’unité2. Cela ne m’étonne pas que Christophe Goussard, parti aux confins du monde, revienne régulièrement et sans le préméditer aux abords des fleuves et des rivières. Les paysages escamotent les forces qui s’y sont exercées, la rudesse des vents froids, la mémoire de l’enfant qu’il était. Cela ne me surprend pas non plus qu’après avoir débuté son œuvre avec les portraits, la famille, les communautés, ce soient les paysages sans figures qui aient pris le dessus. Longtemps.




C’est une autre inscription fugitive sur la page de la terre, qu’il faut saisir, que l’on voudrait comprendre. Sans que l’on sache pourquoi, elle semble prête à livrer un secret ; sinon, comment nous aurait-elle arrêté ? Alors, on regarde et on rêve ; ce n’est pas vraiment une lecture, une recherche ; on laisse venir, on laisse aller les images. Les premières qui se présentent à l’esprit ne sont pas nécessairement les plus simples, les plus naturelles, ni les plus justes ; au contraire, ce sont plutôt les plus faites, celle des autres, celles qui flottent, toujours disponibles, en vous.3

Christophe Goussard retourne aux humains avec l’Adour, après avoir su lire le ressaut de marée, se surprendre à reconnaître les gestes et traditions du passé, appris à se méfier de l’èbe, démasqué des monstres sur les îles de la terre nouvelle.
Son univers pictural s’est bâti et consolidé grâce aux paysages, à leur compréhension au-delà de leur contemplation, à son affection pour les autres, pour les échanges. Il suit l’horizon, les hommes et les rivières, toujours, et retrouve sans les chercher, les mêmes chemins, ailleurs.

— Émilie Flory
Pau, décembre 2022


1. Jean Giono, Que ma joie demeure, 1959
2. Pensées et propos du poète Pierre Vinclair in Les lieux du poème, Poésie et ainsi de suite, janvier 2022 (France Culture)
3. Philippe Jacottet, Travaux au lieu dit l’Étang in Paysages avec figures absentes, 1976. Habiter le monde poétiquement, Poésie Gallimard, 2019

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