Moins X (et plus si affinités)


Eric Rondepierre


Exposition
1er au 30 novembre 2018 — Galerie LMR, Bordeaux 

Commissariat : Émilie Flory et galerie LMR


 D’abord comédien, Éric Rondepierre se dirige ensuite — via la peinture — vers un travail photographique lié au cinéma. Son œuvre joue sur les rapports dynamiques qu’entretiennent les deux médiums. Son intervention consiste à choisir selon des critères bien définis, puis à extraire des photogrammes pour ensuite les proposer sous la forme de tirages photographiques.

À chaque nouvelle série correspond un protocole qui se constitue au fil de ses recherches. Néanmoins, si l’on considère l’ensemble des séries réalisées par l’artiste, trois grandes procédures y sont à l’œuvre : le prélèvement, le montage et la reconstitution. L’exposition privilégie le rapport à l’archive de la première manière. Soit l’archéologue qui fouille et découvre dans les angles morts du dispositif cinématographique « ce que les yeux n’ont jamais vu »1, c’est-à-dire des images de films en relation avec toutes sortes de dysfonctionnements, d’évènements « parasitaires, périphériques, atomes indiscernables en gravitation interne, décalages subtils, accidents évanescents, micros phénomènes qui n’ont plus le moindre rapport avec le cinéma »2.
Daniel Arasse, dans un bel article sur Éric Rondepierre, parlait de « l’érotique latente de son art »3. Nous avons pris le parti d’en montrer le versant explicite et récurrent, sachant que ce thème est présent depuis les origines puisque la « scène primitive » du travail de l’artiste, le premier déclic créateur, fut la vision d’une scène de baiser dans La dame du lac de Robert Montgoméry4. Ajoutons que la pornographie apparaît à travers son voyage au Canada en 1996 (on en trouve des traces dans Moires - photos et livre5), et son séjour en Grèce en 1999 où il travaille dans les caves d’un cinéma porno du Pirée d’où sortiront les séries Dyptikas et Suites6. La chose se fait plus discrète par la suite, même si des rappels sont présents dans Loupes/Dormeurs, Seuils, DSL et Background.

Sa première exposition à Bordeaux est entièrement consacrée à cet aspect de son œuvre photographique, notamment à travers la série Moins X (2003) constituée d’images extraites de films classés X et qui repose sur le principe du décadrage. Au lieu d’arrêter le flux de la pellicule et de faire un arrêt sur image, l’artiste braque son objectif entre deux images. Ce débord brouille et recompose les figures qui s’apparentent au registre de la sexualité des corps. En complément, sont exposées des images extraites d’autres séries, antérieures ou récentes, liées à l’érotisme. Voici rassemblé en une seule exposition ce qui apparaît en pointillé dans toute l’œuvre d’Éric Rondepierre : un jeu subtil entre le corps de l’image et l’image du corps.


Extraits, communiqué de presse
galerie LMR


1. Nous reprenons le titre du texte de Jacques Rancière sur l’œuvre d’Éric Rondepierre, Images secondes, Paris, Loco, 2015, p. 77.
2. Éric Rondepierre, Le Voyeur, Entretien avec Julien Milly, Éd. De L’Incidence, 2015, p. 26.
3. Daniel Arasse, Des images de rêve dans Anachroniques, Paris, Gallimard, 2006, p. 127.
4. Comme il le déclare à Julien Milly dans un entretien sur « Le corps amoureux » dans Nouvelle Revue d’esthétique n°10, 2012, p. 124.
5. Moires, Trèzelan, Filigranes, 1998, dont certains passages sont la retranscription de dialogues de films X.
6. C’est dans La Nuit cinéma (Paris, Seuil, 2005) qu’Éric Rondepierre raconte cet épisode de son séjour en Grèce et l’élaboration des images décadrées.



Site de l’artiste
Éric Rondepierre

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   Vues de l’exposition : ÉF
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