Les Nouveaux commanditaires Qu’est-ce qui nous rassemble ?

Delphine Balley


Aller au désert



Musée Jeanne d’Albret
37 rue Bourg-Vieux
64300 Orthez



Aller au désert, 2013
Photographie couleur, cadre bois doré, 127 x 156,5 cm © Delphine Balley, collection ville d’Orthez















Les commanditaires : Laurence Barbazin (adjointe patrimoine et tourisme), Claudette Bonnaventure (retraitée), Fabrice Lamerain (cafetier),  Anne-Marie Lanusse (éducatrice spécialisée), Fabienne Pit (adjointe à l’urbanisme), Joachim Pit (étudiant), Henri Poustis (retraité), Marie-France Torralbo (professeur-documentaliste).

Médiateurs agréés Fondation de France, suivi de production : Pierre Marsaa et Marie-Anne Chambost (association pointdefuite)

Médiatrice relais, coordination et suivi de production : Émilie Flory
Médiation culturelle : Audrey Jochum


Site de l’artiste
Delphine Balley

Voir aussi
Le pays d’en haut






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L’histoire d’Orthez est fortement liée à la religion : catholiques, protestants et laïques ont tous un ancrage fort dans la construction de la cité. À de nombreuses reprises dans les échanges au sein du groupe de commanditaires ont été notées les différences entre orthéziens natifs et les orthéziens d’adoption, les catholiques et les protestants, les protestants de l’Église libre et ceux de l’Église réformée, sans oublier les défenseurs de la laïcité. Sans que cela soit forcément des oppositions, on voit à Orthez plusieurs établissements, associations sportives ou culturelles aux activités similaires être affiliées à une confession ou être laïques. C’est pourquoi il a semblé naturel au groupe d’évoquer la religion dans cette commande et notamment le protestantisme et son impact sur l’histoire du Béarn.

« Jeanne d’Albret hérite du pouvoir en Béarn à la mort de son père en 1555. En 1566, elle installe à Orthez une académie protestante qui sera transformée en université par son fils Henri en 1583. (...) En 1571 le protestantisme devient la religion officielle du Béarn. Henri de Navarre succède à sa mère, Jeanne d’Albret, en 1572. De confession protestante comme elle, il prend la tête du parti huguenot français. À la mort du roi Henri III, il devient l’héritier de la couronne de France mais, pour accéder au trône, il doit se convertir au catholicisme. Devenu Henri IV de France, il négocie puis impose en 1598 l’édit de Nantes en faveur des protestants et pacifie ses territoires après 36 ans de guerres civiles. (...)
En 1685, Louis XIV interdit définitivement le protestantisme en révoquant l’édit de Nantes. En Béarn, dès 1668, le nombre de lieux de culte avait été réduit. Pour échapper aux persécutions, notamment aux dragonnades, de nombreux huguenots fuient vers les pays dits du Refuge.
Néanmoins, la majorité des protestants béarnais préfère rester. Ils continuent leurs pratiques religieuses dans la clandestinité, d’abord au sein de la famille puis dans des « assemblées au Désert », après 1760 avec l’arrivée d’un pasteur languedocien, Étienne Deferre. »
Musée Jeanne d’Albret, extraits

Ils se retrouvaient donc clandestinement dans des endroits reculés (forêts, granges abandonnées, etc). Les célébrations avaient, dans un premier temps, lieu dans l’intimité des foyers puis dans un deuxième temps, sous forme de grands rassemblements destinés à impressionner les autorités catholiques. Ce sont les « assemblées au Désert » qui pouvaient réunir plusieurs milliers de personnes. En Béarn, on ne disait pas « aller au Désert » mais aller « au Bois » (au bòsc).
Au lendemain de la Révocation, on enregistre — particulièrement en Béarn et dans les Cévennes — un phénomène curieux qualifié de chant des anges. Pierre Jurieu en rend compte dans ses Lettres pastorales en 1686 : « (...) en plusieurs lieux où il y avait autrefois des temples, on a ouï des voix dans les airs. Si parfaitement semblables aux chants de nos Pseaumes, qu’on n’a pu les prendre pour autre chose. »

Delphine Balley a relié à ces deux faits une autre histoire religieuse forte dans sa région, le Dauphiné : les petits prophètes. Dans la fiction qu’a construit l’artiste, Le chant des anges parti d’Orthez aurait inspiré ce mouvement de prophétisme. Dans la réalité, le premier exemple de ce phénomène où des enfants se mettaient à citer la Bible et à prophétiser en français fut Isabeau Vincent de Saou, et ce phénomène n’avait pas de lien avec Le chant des anges.
Dans cette œuvre, se retrouvent donc les représentations simples d’une célébration religieuse en famille qui évoque les temps du Désert, un personnage central qui pourrait être la première enfant prophète et des liens imaginaires construits par l’artiste. Cette image évoque aussi les phénomènes « magiques » liés directement à l’interdiction de la pratique du culte, les croyances et les légendes qui voyagent avec les huguenots et laissent des traces d’Orthez à Lausanne en passant par les Cévennes et le Dauphiné.

— Émilie Flory & Audrey Jochum (avec la complicité de l’équipe du Musée Jeanne-d’Albret)


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