Les Nouveaux commanditaires Qu’est-ce qui nous rassemble ?

Delphine Balley


Pèle-porc



Café Lamerain
75 rue Saint-Gilles
64300 Orthez



Pèle-porc, 2013
Photographie couleur, cadre en bois doré, 130 x 160 cm © Delphine Balley, collection ville d’Orthez










Les commanditaires : Laurence Barbazin (adjointe patrimoine et tourisme), Claudette Bonnaventure (retraitée), Fabrice Lamerain (cafetier), Anne-Marie Lanusse (éducatrice spécialisée), Fabienne Pit (adjointe à l’urbanisme), Joachim Pit (étudiant), Henri Poustis (retraité), Marie-France Torralbo (professeur-documentaliste).

Médiateurs agréés Fondation de France, suivi de production : Pierre Marsaa et Marie-Anne Chambost (association pointdefuite)

Médiatrice relais, coordination et suivi de production : Émilie Flory
Médiation culturelle : Audrey Jochum


Site de l’artiste
Delphine Balley

Voir aussi
Le pays d’en haut






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Un des sujets importants évoqués par les commanditaires à l’artiste était le petit-déjeuner à la fourchette et tous les rituels liés au cochon. En particulier, le pèle-porc (appelé aussi pélère) qui est alors naturellement venu dans les échanges.
Le pèle-porc est une tradition rurale française qui consiste à tuer le porc, à le préparer puis à le cuisiner sans rien gaspiller : tout dans l’animal est utilisé, rien n’est jeté. Cette tradition, comparable à un rituel, se déroule sur plusieurs jours en communauté, en famille, avec le voisinage, les amis. Interdite aujourd’hui, elle fait partie de celles qui se transmettent en cachette ou qui évoluent avec les nouvelles normes sanitaires : le cochon est tué à l’abattoir, mais il reste cuisiné en famille.
Afin de lutter contre l’épuisement de l’espèce, il était courant de dire ou d’entendre qu’il fallait vite, dès la fin du dépeçage de l’animal, extraire la partie où se loge l’âme, pour qu’elle se réincarne en nouveau cochon. Or, selon la légende, l’âme est logée dans la vessie que l’on gonfle. Dans certaines familles, les adultes donnaient cette vessie pour divertir les enfants. Elle est aussi utilisée lors du Carnaval, accrochée au bout du bâton du Sent-Pançard, Roi de Carnaval, qui l’utilise pour frapper le dos des passants (cf l’œuvre de Delphine Balley Le Grand manger sur le Carnaval).

Traditionnellement, « on fait le cochon » en hiver, par souci de conservation, et on le prépare avant Carême. Dans cette coutume, l‘intérêt de Delphine Balley s’est porté sur la beauté des gestes ancestraux et du faire ensemble, c’est le lien avec le Carnaval. En effet, le porc « cet habillé de
soie » est le principal aliment consommé lors de ce temps de fêtes et de divertissements en Béarn. On peut également y voir un lien avec l’histoire de l’art et la tradition des natures mortes et des écorchés. La représentation de la viande (bœufs et porcs écorchés, natures mortes au lapin, etc.) constitue une source majeure d’inspiration pour les artistes anciens comme modernes. De l’art rupestre jusqu’aux œuvres de Soutine, Bacon et Picasso, en passant par les natures mortes de Rembrandt et de Goya et les vues d’abattoirs ou d’étals de boucher de Carrache, la viande a été représentée sous de nombreux aspects, prenant selon les époques des significations différentes. Elle peut renvoyer à la cruauté du monde, à une interrogation sur la mort et la violence, à l’exubérance, à la vie faite de chair et de sang, à la passion du Christ mais aussi à la profusion de la nature et à la richesse sociale.

Depuis toujours, peindre et dessiner ces carcasses est un moyen pour les artistes de représenter l’animalité de l’homme ; de saisir sa mystérieuse existence car au final la chair est la part commune entre la bête et l’homme.

— Émilie Flory & Audrey Jochum (avec la complicité de Caroline Saves) 


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